Catégorie(s) : AutographesDARIEN (Georges). L.A.S. à SÉVERINE. 2 p. in-8 sur double feuillet. Paris, 16 décembre 1889. Très belle lettre relative à son premier livre publié Bas les cœurs ! Biribi, bien qu’écrit antérieurement, ne paraîtra qu’un an plus tard. Darien dépeint dans ce roman particulièrement féroce les répercussions de la guerre de 1870 et de la Commune sur les esprits dans un milieu petit-bourgeois. Il ne sait comment remercier Séverine de l’article qu’elle consacre dans le Gaulois à son volume et lui témoigne de sa gratitude… “Je suis complètement désorienté, depuis quelques jours. Figurez-vous — je vous dis ça tout bas — que je me faisais une idée atroce du monde littéraire. Ayant toujours vécu à l’écart, presque comme un ours dans sa cage, j’étais arrivé à me convaincre que je ne rencontrerais lorsque je me risquerais hors de mon trou que des pattes armées de griffes — ou d’éteignoirs. Et j ’ai trouvé des mains tendues ! Ça vous retourne, cela. Il n’était que peu confiant des destinées de son malheureux bouquin et en était même honteux ! Je l’ai porté chez quelques personnes qui l’ouvraient devant moi pour le feuilleter et je vous garantis que je n’étais pas à la noce ; je me mettais en quatre pour le leur faire fermer. Maintenant ça va un peu mieux. Je regarde mon fruit d’un œil moins mauvais — pas trop bon, pourtant (…) et on trouve ici une image qui pourrait tomber de la bouche de Georges Randal, le héros du Voleur : Vous êtes trop bonne pour moi, madame, beaucoup trop bonne ; mais soyez certaine que, si j ’ai jamais quelque talent, je m’en servirai comme d’une pince pour forcer des barrières morales et que je ne la tordrai pas en rossignol pour ouvrir les portes de l’Académie. 1000 € |