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Catégorie(s) : Autographes


RICHAUD (André de). 6 L.A.S. à Jean Puyaubert.

18 p. in-8 ou in-4, pas de dates [1933]. On y joint une lettre signée de son ami Michel PICCOLI au Docteur Jean Puyaubert datée du 7 avril 1959, 2 p. in-4. Le docteur Jean Puyaubert apportera amitié et aide financière à André de Richaud — ainsi qu’il le fera pour Artaud et Roger Gilbert-Lecomte. Comme Artaud (dont il a, par ailleurs, été proche), Richaud a été suivi par le Docteur Allendy — qu’il évoque ici — et plus tard par Gaston Ferdière. André de Richaud vit à cette époque à Paris. Il a publié deux ans plus tôt son roman La Douleur qui l’a rendu célèbre puis deux de ses pièces ont été montées par Dullin au Théâtre de l’Atelier. Il est question à plusieurs reprises dans ces lettres de l’état soldatesque de Richaud qui fait en 1933 son service militaire et c’est à l’école du même nom qu’il a été affecté. Vagabond célèbre de Saint-Germain, Richaud a mené une vie dissolue dont ses lettres portent trace : J ’étais dans un état de nervosité effrayante même pas attribuable à l’alcool puisque je bois beaucoup moins. Mais insomnies… crises de noir… Au début des années 30, il est très lié avec Roger Vitrac (cette sorte de grand salaud va encore se taper un voyage en Grèce) et à la petite société gravitant autour des Deux Magots d’où il donne volontiers des nouvelles à Jean Puyaubert : Ribemont est toujours gentil comme tout. Daumal est soldat a Paris, etc. Rencontre Artaud avec son air « le plus Baudelaire du pauvre », m’a demandé ou je comptais donner ma prochaine pièce, je lui ai répondu avec mon air le plus insolent que j ’hésitais entre Le Palais Royal et les Mathurins et que j ’attendais la réponse de Spinelly* qui avait la pièce en main !… À son correspondant, il fait également part de ses projets personnels avec Dullin ou avec Frédérique Delanglade en compagnie duquel il envisage un voyage dans les Hurdes : Lu l’article de Roger dans l’Intran : un peu « érudit » !… Je pense que mon reportage en Espagne va gazer pour octobre. Si tu avais des renseignements particuliers sur ces peuplades sauvages qui sont au nord de Salamanque et que les Allégret avaient essayé en vain de filmer. C’est là que je dois aller avec Fred qui fera des dessins et des photos. Tu serais très chic de me les envoyer ou des titres de livres qui parlent de ces zigues. Dullin est très content de ce que je lui ai montré du Bel Esprit. Malheureusement, l’existence de l’Atelier est sérieusement menacée. On a coupé le téléphone, la lumière, etc. Le pauvre homme est absolument effondré. As-tu lu cette vieille nouvelle (ils devaient l’avoir depuis 4 ou 5 ans) parue dans la Revue Hebdomadaire.** Cela n’a d’intérêt que placé à son époque (par rapport à Giono, je veux dire qui débutait lui aussi et surtout par les thèmes repris 5 ans après dans La Fontaine des Lunatiques. Le Grix m’a, à cette occasion donné mes 500 francs, il va me payer vite la nouvelle. Je compte pour rien les yeux de crocodile concupiscent qui valaient bien plus !… Je pense que malgré le silence de la presse, tu as su le suicide de Raymond Roussel à Palerme. Dans son testament il a laissé 250 000 balles pour une statue de lui de 3 mètres de haut au Père Lachaise. L ’« écriture coruscante » de Richaud, comme la qualifie Pierre Seghers dans son Anthologie des poètes maudits, jaillit à pleins traits dans cette correspondance. Jusqu’à la fin de son existence, Richaud a été soutenu notamment par Michel Piccoli, qui essaie de récolter des fonds auprès de ses derniers amis : Buñuel, Kahnweiler, Queneau, Pagnol, Camus, Prévert, Audiberti, Vian, Leiris… Cette belle correspondance donne aussi un passionnant témoignage sur le milieu littéraire et théâtral des années trente. *Andrée Spinelly, célèbre comédienne de l’époque. ** no 27, juillet 1933, Le Mal de la Terre.


1500 €





































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