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Catégorie(s) : Autographes


OPPENHEIM (Meret). 4 lettres autographes signées et 1 carte autographe signée à Jean Schuster.

7 pages in-4 ou in-12. Berne ou Paris (11, rue Beautreillis), 7 mars 1957 - 27 novembre 1976. 2 enveloppes conservées. Belle correspondance amicale, «amoureuse», analytique et auto-analytique. Je n'ai pas de photos, sauf les anciennes de Man Ray, mais cela m'ennuie si on les reproduit encore... Je veux bien répondre à tes questions : comme il arrive souvent quand on est amoureux, chacun a une image de «l'objet aimé» qui ne correspond que très grossièrement à la personne comme elle est vraiment. Alors, quand je n'étais plus amoureuse de toi (ce qui arrive, comme on sait ! d'abord à l'un ou à l'autre) l'image que j'avais de toi ne se couvrait plus avec la personne qui se montrait maintenant à mes yeux. (Que cette image n'était pas mal du tout tu dois le sentir puisque mes sentiments envers toi sont toujours très amicaux). En même temps je m'aperçois que toi aussi tu m'avais vu (et me vois toujours, comme il ressort de ta lettre) tout à fait autre que je ne suis. Si jamais il [y} a eu «malentendu» c'était au moment où je m'apercevais de cette situation, et, pour dire la vérité, la manière dont tu me voyais m'exaspérait un peu. Ce que tu m'écris maintenant qu' «il semblait à cette époque, que tu ne croyais pas à grand-chose, sinon à la vie qui serait un peu comme une locomotive qui avale les paysages... etc.» est une vue purement subjective, qui ne touche aucun point de la situation «psychique» dans laquelle je me trouvait à cette époque (...) Ce qui est vrai c'est que j'étais dans les années 50-54 dans une espèce de «mue» et pour ça pas très «transparente» pour une autre personne. (...) J'espère que tu arriveras à me voir avec «de nouveaux yeux», car c'est pour cela que nos rapports sont un peu «figés». J'espère que ta folie n'est pas grave ! Quels sont les symptômes ? Non, sérieusement, qu'est-ce qui se passe ? Au sujet d'un tableau que Meret aurait aimé récupérer afin de le détruire... Je t'écris aujourd'hui juste pour te dire, dans le contexte de toutes les choses que j'ai fait, qui m'entourent en ce moment sous forme de photos (car je travaille toujours encore à ce très emmerdant catalogue raisonné, pour le livre qui ne paraîtra que l'année prochaine, tous les jours avec secrétaire, 6 heures!) je dois dire que le tableau que tu possèdes est aussi d'un certain intérêt : c'est une bonne illustration de mon état - la dépression la plus noire - (Le titre n'est pas mal!*) Mais enfin - à partir de 1954-55 ça allait de nouveau bien, j'ai trouvé le «joint» avec mon état «d'avant» si je peux dire. Ce temps noir avait duré de longues années - Enfin -. Et comment vas-tu ? *Le tableau dont il est question est une gouache datée de 1953, titrée : Sterben in der Nacht, que l'on peut traduire par Mourir dans la nuit. Voir : Curiger, Meret Oppenheim catalogue raisonné C38a. Jean Schuster, Paris.


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